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Déchets

Le quartier ne veut pas être un « quartier poubelle »

Photo décharge Béziers
Décharge - photo du 29 juillet 2019

A travers le problème des nuisances de la décharge de Béziers, c’est toute la politique de traitement des déchets à Béziers qui apparaît déficiente. A l’évidence, des mauvais choix ont été faits il y a plus de 10 ans et les habitants du quartier de Badones-Montimas, mais aussi tous les contribuables biterrois, en supportent les conséquences.

Au coeur du quartier couvert par l’action de l’association, sur le chemin rural n°61, est implantée, depuis la fin des années 70, la décharge de Béziers, connue sous le nom officiel, après des aménagements successifs imposés par la loi depuis les années 90, d’installation de stockage de déchets non dangereux (ISDND) de Saint-Jean de Libron, du nom d’un domaine ancien situé à proximité immédiate.

Depuis sa création, en 1992, l’association fait des démarches et mène des actions pour faire cesser les nuisances causées par cette décharge et, ainsi, préserver les conditions de vie des habitants du quartier et l’environnement.

Depuis le 1er janvier 2012, la Communauté d’agglomération Béziers-Méditerranée (CABM) exerce, en tout ou partie, sur le territoire des dix-sept communes qu’elle regroupe (treize à l’origine), la compétence collecte et traitement des déchets ménagers et assimilés (compétence auparavant exercée par les communes de son territoire).

A ce titre, la CABM exploite deux sites relevant de la réglementation sur les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) situés sur la commune de Béziers et auparavant gérés par la Commune de Béziers :

  • l’usine VALORBI (auparavant dénommée UVOM), centre de tri des ordures ménagères, située route de Bédarieux,

  • et l’installation de stockage de déchets non dangereux (ISDND, auparavant dénommée CET, centre d’enfouissement technique, de Saint-Jean de Libron, sur le chemin rural numéro 61, objet de plusieurs arrêtés préfectoraux d’autorisation successifs depuis 1991 dont le dernier en date du 8 février 2018 (n°2018-I-144) portant sur une autorisation d’enfouissement totale de 1.100.000 tonnes jusqu’en 2029.

Les déchets ménagers et assimilés, autrement dénommés ordures ménagères, collectés sur la commune de Béziers et sur plusieurs autres communes environnantes (membres de la CABM ou non), sont acheminés, dès la collecte effectuée, vers l’usine VALORBI.

Par un procédé de tri mécano-biologique (ou TMB), les ordures ménagères doivent être transformées, pour partie, en compost. Les autres matières, non fermentescibles, présentes dans les ordures, font l’objet, après un tri sommaire en début de processus ou après séparation à l’issue de la fermentation, soit d’un recyclage, soit d’un enfouissement à l’ISDND de Saint-Jean de Libron.

Ce dernier site reçoit aussi directement des déchets inertes et des déchets ultimes issus d’autres filières de tri de la partie ouest du département l’Hérault en tant qu’ICPE relevant de la rubrique 2760 de la nomenclature des installations classées, régie par les dispositions du code de l’environnement et par celles de l’arrêté du 15 février 2016 relatif aux installations de stockage de déchets non dangereux.

Alors que, depuis une quinzaine d’années, les riverains n’avaient à se plaindre de nuisances olfactives liées à l’installation de Saint-Jean de Libron que deux à trois fois par an, sur des durées limitées de deux ou trois jours, des nuisances sont apparues, de façon plus intense et fréquente à l’automne 2017, puis sont devenues récurrentes à partir du mois d’avril 2018, après le début d’exploitation du casier n°4.

De nombreux habitants se sont plaints auprès des services de l’État, en vain.

L’association de quartier et les riverains regroupés dans un collectif dénommé « Droit à un air sain à Montimas » ont alors entrepris de multiples démarches et actions, sous diverses formes (courriers, pétition, réunions publiques, réunions avec la CABM et avec la sous-préfecture, contacts avec les élus, recours devant la justice administrative, manifestations, actions médiatiques, etc.), pour dénoncer la situation et demander l’arrêt des nuisances auprès des autorités concernées, la CABM et le service des installations classées de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL).

Malgré l’importance des nuisances olfactives et les atteintes sérieuses à la santé de plusieurs habitants, corroborées par des certificats médicaux et des constats d’huissier, la situation n’a pas trouvé de solution à ce jour.

En effet, il est apparu que les émanations d’odeurs et de gaz toxiques en provenance de la décharge étaient dû à l’enfouissement, en toute illégalité, depuis 2015, de quantités considérables de matière organique en provenance de l’usine de tri Valorbi dont le fonctionnement est gravement défaillant depuis 2015, malgré sa réfection complète en 2014 à grands frais (près de 20 millions d’euros au total).

Ce fait, longtemps caché, y compris aux services de l’État semble-t-il (au moins un temps), est apparu publiquement lors de la publication, le 1er mars 2019, du rapport, daté du 14 décembre 2018, d’observations définitives consacré, par la Chambre régionale des comptes Occitanie, à l’exercice, par la Communauté d’agglomération Béziers-Méditerranée, de sa compétence collecte et traitement des déchets ménagers et assimilés pour les exercices 2011 et suivants.

Avec ce rapport de la CRC, les habitants ont découvert l’ampleur du scandale industriel, financier et environnemental du traitement des déchets sur le territoire de la CABM et l’échec de la politique mise en oeuvre.

L’association CDHBM et le collectif « Droit à un air sain à Montimas » ont réalisé, de ce fait et malheureusement, que le problème des nuisances de la décharge de Saint-Jean de Libron était lié à un problème bien plus vaste résultant de mauvais choix techniques et de l’incapacité des élus et des techniciens à gérer convenablement la filière traitement des déchets et à apporter des solutions adéquates aux problèmes rencontrés.

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